Le recours à la blockchain et l'utilisation de smart contracts peuvent-ils permettre de faire émerger de nouveaux modes de gouvernance ? Une réflexion détaillée conduit à en douter.

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Cet article est extrait de

Revue Banque n°821

Gafa & Banques : concurrents ou partenaires

Dans quelle mesure les apports de la technologie blockchain peuvent-ils modifier les relations contractuelles définies par « la théorie de l'Agence » et « la théorie des coûts de transactions » ? Autrement dit, cette nouvelle technologie peut-elle aider à une meilleure prise en compte de la corporate governance ? En fait, il s'agit de se demander si la mise en place d'une technologie permettant un accès aux données de façon plus transparentes et disponibles par tous permettra la réduction de l'asymétrie informationnelle et si elle favorisera l'émergence de nouveaux modes de gouvernance ? En allant même plus loin, on peut aussi se demander si le mode de fonctionnement de la blockchain associé à l'utilisation des smart contracts aboutira à une nouvelle forme d'organisation entièrement « automatisée », ainsi que le laisserait penser l'émergence de la DAO (Decentralized Autonomous Organization). Une littérature encore peu nombreuse et issue du monde académique milite en ce sens 1. On peut toutefois douter des apports de la technologie blockchain dans ce domaine.

La gouvernance d'entreprise et la blockchain

On sait que, d'après les travaux de Jensen et Meckling (1975), toute organisation est constituée par un ensemble de contrats définissant les relations des acteurs, ce que l'on appelle la théorie de l'agence. Il y a ainsi une relation principal/agent lorsque l'une des parties (l'agent) est d'accord pour agir au nom d'une autre partie (le principal). L'entreprise n'est « rien de plus qu'une série de contrats et de relations » contribuant à créer et maintenir la confiance entre les parties. La gouvernance de l'entreprise consiste ainsi à mettre en place et conclure des contrats permettant d'attribuer de manière optimale les droits des parties et de définir les mécanismes entre celles-ci afin que les intérêts soient alignés entre le principal et l'agent. Dans quelle mesure dès lors la technologie de la blockchain pourrait-elle apporter un éclairage nouveau dans la gouvernance des organisations et en particulier des entreprises ? La blockchain offrirait une nouvelle façon, technologique, de concevoir un modèle de gouvernance en s'appuyant sur une gestion informatique de la confiance grâce aux smart contracts.

Dans un modèle de gouvernance classique, plusieurs problèmes peuvent survenir car l'agent est défini comme un opportuniste cherchant à maximiser ses intérêts personnels au-delà des souhaits de son mandant, d'où il résulte une asymétrie d'information entre les parties (Jensen et Meckling, 1975). En effet, ce mandat est associé à une imperfection de l'information. En découlent deux problèmes liés à l'incertitude d'une part, et la « vérifiabilité » d'autre part. Le comportement opportuniste du mandant et l'asymétrie dans la distribution de l'information entraînent ce que l'on appelle des « coûts d'agence » car le mandant doit mettre en place des systèmes d'incitations et des mécanismes de contrôle afin de s'assurer de l'alignement d'intérêts entre mandant et mandataire.

La blockchain et les smart contrats offriraient une solution « idéale » pour réduire ces coûts d'agence supportés par l'entreprise 2.

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Originally published in Revue Banque

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